Comment lire le Coran ? Dois-je comprendre et apprendre l’arabe, lire le tafsir, me contenter de la traduction ? Sans compter le nombre de fois où l’on nous ... (Voir plus)
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Sommaire :

Comment bien lire le Coran ?

Dois-je comprendre et apprendre l’arabe, lire le tafsîr, me contenter de la traduction ?

Sans compter le nombre de fois où l’on nous dit : “Fais attention, tu ne peux pas interpréter le Coran n’importe comment.” Comment faire alors ?

Lorsque l’on souhaite approcher le Coran, trois termes clés sont importants à connaître : tajwîd, tafsîr et tadabbur.

Quelle est la meilleure façon de lire le Coran pour en tirer le maximum de bénéfices ?

Faut-il faire des lectures complètes du Coran ou d’abord s’assurer d’avoir une bonne prononciation (tajwîd) ?

Faut-il que j’apprenne l’arabe avant de lire le Coran ? Puis-je me contenter d’une traduction ?

Même si j’ai appris l’arabe, ai-je besoin d’un tafsîr, et si oui, lequel ?

Puis-je simplement lire le Coran et méditer ses versets ? Cela signifie-t-il que j’interprète de façon libre et que je risque de passer à côté du vrai sens des versets ?

Pour tenter de répondre à ces questions et savoir par où commencer, nous allons expliquer les différentes dimensions que comporte la lecture du Coran :

  • Le tajwîd : l’art de réciter le Coran
  • Le tafsîr : l’art d’expliquer les sens du Coran
  • Le tadabbur : l’art de méditer le Coran

Tajwid : l’art de réciter et lire le Coran

Le terme tajwîd vient de la racine J/W/D qui signifie “améliorer, perfectionner”. Dans le cas du Coran, le tajwîd est l’embellissement et le perfectionnement de la récitation. Cet embellissement passe par une bonne prononciation des lettres lorsqu’on lit le Coran.

Sourate 73/al-Muzzammil : 4

 

À l’époque, le Prophète  transmettait le Coran en le récitant de sa voix. Ses compagnons recevaient directement la révélation dans sa prononciation la plus parfaite.

Par la suite, des règles ont été mises en place par les savants pour préserver cette tradition orale, en particulier lorsque le Coran à commencé à se transmettre au-delà des peuples de la péninsule arabique.

Ce sont les règles de tajwîd que nous apprenons encore aujourd’hui. On y trouve des règles comme :

  • Les points de sortie : connaître l’emplacement d’où sort  le  son des lettres
  • Les caractéristiques des lettres : par exemple, certaines lettres peuvent être prononcées continuellement comme le S et d’autres non, comme le B
  • Les prolongations des voyelles :  Savoir prolonger les voyelles A (alif), OU (wâw) et Y () , entre deux temps, et huit temps,  selon leur emplacement
  • L’amincissement et le grossissement : certaines lettres sont minces (ou légères)  lors de la prononciation comme Bâ, Tâ et et d’autres sont grossess (ou lourdes, emphatiques) comme le Qâf ou le Sâd.
  • La dissimulation : le son N sera dissimulé lorsqu’il est suivi de certaines lettres comme le Y, le M ou le L

La lecture lente et consciencieuse favorise la méditation et de gagner des récompenses pour chaque lettre conscieusement prononcée. Il reste un passage nécessaire pour toute personne désireuse de s’améliorer dans sa relation avec la parole divine, et fait vivre, grâce à Allah, la transmission de la récitation orale aux générations futures.

Lire le Coran avec une prononciation correcte permet de faire vivre le Coran dans sa forme originelle, celle de la récitation orale. C’est une dimension du miracle coranique : Allah a préservé le Coran à travers les générations, y compris sa prononciation.

Tafsîr : signification et histoire

Le terme tafsīr provient de la racine F/S/R qui a pour sens “l’explication, la clarification”. Le tafsīr a donc pour objectif de découvrir et d’expliquer les significations du Coran, la parole de Dieu.

La traduction souvent utilisée pour tafsīr est “exégèse” . Elle tire son origine du grec ancien et signifie “exposition des faits historiques”. Le mot latin “exegesis” signifie “exposition”. Dans la tradition chrétienne, l’exégèse désigne l’interprétation des textes bibliques, et ce terme a ensuite été adopté pour désigner l’explication du sens du Coran (tafsîr).

Les explications par le Prophète 

La parole de Dieu a été révélé au Prophète Muhammad durant une vingtaine d’année avec une langue arabe claire.

Le Prophète a reçu la révélation coranique mais surtout il l’incarnait. Aicha, qu’Allah l’agrée, disait de lui qu’il était un Coran qui marche. Il exposait le sens des versets de deux manières :

  • La première manière est l’explication prophétique directe, at-tafsîr an-nabawî al-mubâchir. Même si à cette époque il y avait peu de besoins au niveau de la compréhension des mots , il arrivait que certains compagnons questionnent le prophète sur le sens d’un verset particulier pour  avoir plus de clarté, et être sûr de comprendre correctement le sens. Un des exemples que nous pouvons citer est celui du hadith rapporté par Ibn Massoud, dans lequel les compagnons du Prophète se questionnent sur la notion d’injustice évoqué dans le verset 82 de la sourate 6, al-An’am :

lire le Coran

Ils demandent donc au prophète  ﷺ : “Ô prophète qui de nous n’a pas été injuste envers lui-même ?” Le prophète ﷺ répondra en disant que ce n’est pas ce à quoi ils pensent et renverra à ce qu’a dit Luqman, à son fils dans la sourate 31, aya 13 :  « Ô mon fils, ne donne pas d’associé à Dieu. Certes l’association est une énorme injustice. »

Ainsi, l’injustice dont-il était question dans le premier verset n’était pas n’importe quelle injustice mais faisait référence au fait  d’associer d’autres divinités à Dieu (shirk). Ici, le Prophète a aiguillé directement les compagnons dans l’explication du mot injustice.

  • La seconde manière d’expliquer les versets sont les actions et les paroles du Prophète lui-même durant sa vie. Ceux-ci nous ont  été relaté dans les différentes traditions (ahâdîth), et ne peut pas contredire la Révélation et la Volonté Divine :

Verset du Coran

Nous avons ici les graines du tafsîr, qui remontent bien à l’époque du Prophète et de ses compagnons. Parmi ces derniers, le premier “exégète”, Ibn Abbas, le cousin du Prophète, surnommé “l’interprète du Coran”. Il a classifié l’explication de la parole divine en quatre degrés :

  • L’explication connue par la langue des arabes : le sens littéraire suffit à la compréhension et ne porte pas à confusion pour un arabe
  • L’explication que tout le monde doit s’efforcer de connaître par l’étude des explications du Coran.
  •  L’explication que les savants connaissent au vu de leur expertise dans les sciences du Coran, de la tradition prophétique, dans les différents aspects de la langue arabe  (la rhétorique, la grammaire, la morphologie)…
  • L’explication que seul Dieu connaît : Il existe certains versets dont seul Dieu détient le sens. C’est le cas des lettres disjointes comme “alif lâm mîm” ou “yâ sîn”. Personne ne connaît réellement la signification, il n’y a que des hypothèses les concernant. Dieu reste l’Omniscient, Celui qui détient la Science absolue.
 

Avec l’expansion de l’empire islamique hors de la péninsule arabique, le premier degré basique d’explication devient compliqué avec la barrière de la langue. Les croyants ne sont pas tous arabes.

Pour y remédier, plusieurs actions sont mises en place pour faciliter la compréhension. L’une de ces actions est la standardisation de la langue, qui s’est faite par l’ajout des points sur les lettres, des voyelles ou les règles de grammaire.

Le développement du tafsîr s’amplifiera également et deviendra une discipline à part entière avec ses propres écoles et ses différents niveaux de détail.

Le tafsîr le plus connu est celui d’at-Tabarî qui date du Xe siècle. L’auteur est l’un des plus importants historiens arabes et un érudit dans la majorité des sciences islamiques.

Son ouvrage monumental est une référence dans le domaine du tafsîr. Il y a compilé de nombreuses narrations du Prophète , des compagnons, de leurs successeurs et de ceux qui les ont suivis concernant l’interprétation des versets et des phrases du Coran.

Les tafâsîr peuvent avoir des approches différentes, selon les spécialités des auteurs. Si l’auteur est connu pour être juriste, son tafsîr sera focalisé sur les versets dont sont tirées les règles de jurisprudence.

Autre exemple, Fakhr Din ar-Razi est connu pour ses connaissances en langue arabe et en philosophie. Son tafsir Mafâtih al-Ghayb est par conséquent axé en partie sur la langue arabe.

Ainsi il propose une analyse détaillée du choix des mots, de la rhétorique et met en lumière le nadhm, c’est-à-dire la composition et la symétrie du Coran.

Tadabbur : l’art de méditer le Coran

Le terme tadabbur vient de la racine D/B/R qui signifie, “l’arrière, la fin de quelque chose”. Le tadabbur consiste en la contemplation, la méditation, la réflexion profonde d’une ʾâya (un signe, communément traduit par verset), pour en extraire des éléments de sagesse et d’action.

C’est comprendre, une fois arrivé à la fin du verset, le sens profond de ce qui y est dit.

Pour arriver à cela, le processus de méditation consiste à avoir conscience de ce qui entoure la ʾâya, de l’ordre des mots de la ʾâya et de leur signification, et de répéter plusieurs la ʾâya pour s’en imprégner.

Ainsi, la méditation est le fait de laisser du temps aux  versets de s’imprégner en les ayant en tête et dans le cœur pendant une plus longue durée que celle d’une simple lecture rapide et utilitariste.

lire le Coran

Le tadabbur c’est laisser les paroles de Dieu nous toucher et nous bouleverser.

Le Coran ne peut laisser quiconque indifférent, il suffit de voir l’impact que celui-ci aurait eu s’il avait été descendu sur les montagnes :

Sourate 59, Verset 21

Chaque verset, ou signe, du Coran contient une guidance. Le tadabbur consiste à rechercher cette guidance et l’objectif derrière le message de chaque signe.

Lire le Coran n’est pas comme lire un quelconque ouvrage, c’est dialoguer avec la parole de Dieu, se demander qu’est-ce qu’Il attend de nous et agir en conséquence.

Pour favoriser ce dialogue, voici quelques clés à prendre en compte :

  • L’intention

C’est un élément important lorsqu’on s’approche pour lire le Coran, c’est un indicateur de l’état de notre cœur. Qu’est-ce que l’on recherche en entamant notre lecture ? Il faut s’assurer de notre sincérité dans notre quête vers la guidance et la proximité divine.

  • Connaître le sens des versets et leur contexte

Consulter les tafâsîr pour connaître le sens et le contexte de révélation permet d’éviter les quiproquo et une compréhension erronée du sens. Le Coran est descendu dans un contexte précis, avec des références sociales, culturelles et historiques précises auxquelles nous pouvons prétendre tout connaître, car malgré notre appartenance à l’espèce humaine et la connaissance que l’on peut avoir de la nature humaine, qui ne change pas, notre réalité spacio-temporelle est un peu différente que celle au temps de la Révélation

  • La langue arabe

Dans Sa sagesse Dieu a fait descendre le Coran en langue arabe. La langue est un outil important qu’il ne faut pas négliger. Malgré ce que l’on peut croire, elle est accessible et d’autant plus à notre époque, où divers outils et formations sont mis à notre disposition pour l’apprendre.

  • Une réflexion continue

Où est-ce que je me positionne face à ce que je viens de lire ? Où en suis-je dans ma vie ? Suis-je injuste ? Qu’en est-il de la création qui m’entoure ? Est-ce que je prends le temps de méditer, de lever les yeux, de remercier Celui qui répond à mes besoins ?
Tant de questions que l’on doit se poser sincèrement quotidiennement, car chaque nouveau jour n’est qu’une nouvelle opportunité pour se rapprocher de Lui. Et pour cela, il faut appliquer, au fur et à mesure, ce que l’on a compris du Coran.

  • La patience et la répétition

Le tadabbur est le travail de toute une vie. Il doit nous accompagner quotidiennement, nous faire nous questionner, pour nous améliorer. La révélation coranique est descendue en une vingtaine d’années entre les quarante ans du Prophète jusqu’à son dernier souffle. De ce fait, celui qui est en quête de proximité divine doit être patient et rester vigilant à son état intérieur.

Comment lire le Coran ?

verset du tadabbur

Le tafsîr et le tadabbur sont tous deux complémentaires et nécessaires pour lire le Coran, le comprendre et laisser la parole de Dieu imprégner nos vies. 

En effet, le tafsîr apporte des éléments de contexte, textuels et linguistiques qui permettent la compréhension intellectuelle ou intélligible du texte coranique. 

Quant au tadabbur, il permet l’assimilation spirituelle de la parole divine par notre intention et l’état de notre âme.

 Lire le Coran revient à faire vivre nos cœurs, nos paroles et le matérialiser en nos actes, faisant de nous l’un de Ses signes et vivant en harmonie avec la création :

lire le Coran avec le tajwid

L’embellissement de la récitation, tajwîd, reste l’outil qui permet aux cœurs de se delecter des mots en donnant le dû à chaque lettre. 

En somme, la meilleure manière de lire le Coran est de le comprendre grâce à l’étude de la langue et la consultation de tafasîr et le méditer (tadabbur) pour commencer à l’intégrer dans nos vies. La récitation de cette Parole d’une manière correcte (tajwîd) joue un rôle dans sa mémorisation (inscription dans le cœur) et dans la transmission aux autres dans sa forme orale, qui est la forme originel du Coran au moment de sa Révélation.

Comment la formation Alimnee peut t’aider ?

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Comme il a été cité plus haut, le premier degré d’explication est celui de la langue arabe. Au vu de la demande dans la sphère francophone, le centre de langue Alimnee a fait le choix de se focaliser sur la compréhension et de répondre à ce besoin. 

  • Le premier niveau de la formation est à destination des débutants ou faux-débutant, à ceux qui aimeraient lire le Coran en arabe. Il permet d’apprendre à lire et à comprendre 5 sourates (sourate an-Nâss, al-Falaq, Quraysh, al-Fîl et al-Fâtiha). 
  • Le niveau 2 permet d’avoir 33% des outils pour comprendre le Quran à partir de la grammaire et du vocabulaire. Nous travaillons à ce niveau sur : le verset du Trône, sourate al-Ma’oûn, al-Kawthar, Al-Kâfiroûn, al-Nasr, al-Massad et al-Ikhlâss. 
  • Le niveau 3 permet de cumuler 50% d’outils de compréhension avec de nouvelles règles de grammaire et du nouveau vocabulaire par l’étude de sourate al-Mulk
  • Le niveau 4 se déroule autour de sourate ar-Rahmân et permet la compréhension de 60% du Quran. À partir de ce niveau et dans les suivant quelques notions de rhétorique seront traitées
  • Le niveau 5 permet de comprendre 70% du Quran en compagnie de sourate Yâ-Sin
  • Quant au niveau 6, il vous permettra d’atteindre 80% de la compréhension avec sourate Yoûssouf

Tous les niveaux sont accompagnés d’explications tirées de tafâsîr qui donneront à l’élève la compréhension du sens des versets. 

Deux tafâsirs sont privilégiés pour l’explication des sourates dans la formation  : 

  • Mafâtih al-Ghayb de l’imam ar-Razî, qui est considéré comme l’un des classiques du tafsîr. La particularité de l’œuvre est que l’auteur détaille le lien que peuvent avoir les sourates entre elles (nadhm) en plus d’une analyse grammaticale poussée. 
  • Al-Tahrîr wa al-Tanwîr d’Ibn Achour, est un ouvrage qui est aussi axé sur la grammaire et la rhétorique. Les explications sont aussi accompagnées du contexte historique et social qui favorisent la compréhension des versets pour un contemporain. 

Un des objectifs d’Alimnee est de donner aux élèves les outils pour qu’ils acquièrent l’autonomie favorable à leur tadabbur. Ces outils sont la langue arabe, le vocabulaire coranique, l’étude de la composition et de la rhétorique du Coran. Cela pourra vous permettre de comprendre le Coran sans se contenter des traductions et en laissant place, de plus en plus, à la méditation (tadabbur).

Par Fatima E. 
Professeur chez Alimnee
 

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